“Car ceux qui ont faim ont droit”

- Victor Hugo

Pour un droit à l’alimentation en France !

S’alimenter est un besoin fondamental, au sens premier du terme. Il est vital. Pourtant, aujourd’hui, l’alimentation est la variable d’alimentation de notre budget. De fait, une fois payé le loyer, les factures, les vêtements des enfants et autres, sur quoi rognons nous ? Sur le budget consacré à notre alimentation. En ce sens, la précarité alimentaire croissante est révélatrice d’une précarisation globale des françaises et des français. De fait, nous ne sommes pas égaux face à notre assiette.

Cette rupture d’égalité a des conséquences bien réelles. Nous sautons des repas. Nous ne choisissons pas ce que nous mangeons. Nous sommes insatisfaits de notre alimentation. Nous nous empoisonnons à coups de produits ultra transformés. Nous tournons le dos à nos agriculteurs et agricultrices, à une terre qui produit bon et bien, faute de moyens. Et pourtant, nous savons ce que nous voulons.

Nous ne voulons pas qu’être éduqués à bien manger, nous voulons des moyens ambitieux pour y arriver. Nous voulons la fin de la stigmatisation individuelles, des injonctions impossibles à consommer mieux alors même que se loger est difficile. En somme, nous voulons des politiques publiques ambitieuses qui permettront d’offrir à toutes et à tous une alimentation saine, choisie, abordable et durable. Je crois donc pouvoir le dire : nous voulons le droit à l’alimentation.

Car malgré la place importante de l’alimentation dans la culture française, la France ne dispose pas de politique publique cohérente en matière alimentaire. Il s’agit d’un sujet traité tantôt par le prisme de la production agricole, tantôt par celui de la distribution agroalimentaire. Ce n’est pas satisfaisant. Il nous faut désormais un cadre législatif puissant, au service de toutes et tous. Un cadre qui ne garantit pas que l’écosystème alimentaire soit profitable, mais qu’il soit vertueux : qu’il rémunère agriculteurs et agricultrices, et assure la dignité des mangeurs et des mangeuses.

Alors, demain, constitutionnalisons le droit à l’alimentation !

C’est quoi, le droit à l’alimentation ?

Le droit à l’alimentation, ce n’est pas seulement le droit d’être à l’abri de la faim. Cela va au-delà. C’est le droit des personnes à se nourrir dans la dignité.

Reconnaître le droit à l’alimentation oblige la France : 

  • Une obligation de respecter le droit à l’alimentation : c’est-à-dire s’abstenir de mesures qui exposeraient plus de personnes à la faim et à l'absence de choix dans leur assiette. 

  • Une obligation de protéger le droit à l’alimentation : en identifiant et agissant sur tous les leviers qui permettent d’offrir à chacun un environnement alimentaire propice à une alimentation choisire. Cela permet donc d’inciter ou contraindre ou de contraindre la myriade d’acteurs qui construisent l’alimentation aujourd’hui.

  • Une obligation de le réaliser : en agissant sur les politiques publiques afin de garantir l’accès digne de toutes et tous à une alimentation saine et durable.

Le droit à l’alimentation, c’est une notion juridique, mais c’est une aussi une notion politique puissante. “Ceux qui ont faim ont droit” écrivait Victor Hugo dans Les Misérables. Il avait raison, mais force est de constater que 160 ans plus tard la situation s’est certes améliorée, mais le compte n’y est toujours pas. 

Inscrire le droit à l’alimentation dans notre Constitution et adopter une loi-cadre ambitieuse en ce sens ferait de la France un modèle, à la hauteur de sa double réputation de pays de la gastronomie et de patrie des droits de l’Homme.

L’initiative parlementaire

D’ores et déjà signée par 103 députés de 8 groupes politiques différents, cette proposition de résolution transpartisane prend acte des limites de notre système alimentaire, comme en témoignent les chiffres inquiétants de la précarité alimentaire, des maladies liées à une mauvaise alimentation mais également des difficultés rencontrées par le monde agricole.

Considérant les enjeux sociaux, environnementaux et climatiques, les signataires de cette proposition de résolution considèrent que le droit à l’alimentation est un chemin pour transformer les systèmes alimentaires et aller vers plus de durabilité et de justice sociale. 

Cette proposition de résolution s’inscrit en cohérence avec les recommandations du Conseil national de l’alimentation, de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe et du Comité des droits économiques, sociaux et culturels des Nations Unies qui suggèrent à la France de reconnaître, d’appliquer et de protéger le droit à l’alimentation. 

Soutenant cette démarche, 60 organisations de la société civile issues d’horizons variés (Action Contre la Faim, Ligue des Droits de l’Homme, Secours catholique, Emmaüs France, la Fédération des acteurs de la solidarité, Fédération nationale de l’agriculture biologique, Fédération française des diabétiques …) publient un manifeste une mobilisation politique forte pour le droit à l’alimentation

« Le droit à l’alimentation, ce n’est pas seulement le droit d’être à l’abri de la faim. C’est le droit des personnes à se nourrir dans la dignité.

Par cette proposition de résolution transpartisane, nous souhaitons réaffirmer la nécessité de faire de l’alimentation, de son accès et de la durabilité de sa production un élément central de notre société »

— Boris Tavernier