Rodolphe Saadé, ses milliards et la justice fiscale

Pensez-vous qu’un esprit de concorde puisse naître quand une multinationale qui réalise des milliards d’euros de bénéfices et son propriétaire milliardaire paient proportionnellement moins d’impôts qu’un boulanger de quartier ?

C'est ce que j'ai demandé hier à Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA-CGM.

Le 10 septembre dernier, jour de mondialisation, Rodolphe Saadé a publié dans un journal qui lui appartient une tribune où il appelle à “la concorde nationale”. Noble souhait, sauf que …

Je ne crois pas qu’un esprit de concorde puisse naître sans correction des injustices fiscales dont Rodolphe Saadé et son groupe sont des étendards.

Je m’explique. Grâce à une niche fiscale, la taxe au tonnage, CMA-CGM échappe à l’impôt sur les sociétés. Un vrai jackpot, particulièrement durant les années covid où ses bénéfices ont littéralement explosé avec un record à près de 25 milliards de dollars de bénéfices en 2022. Néanmoins, malgré des milliards d’euros de bénéfices, grâce à cette niche fiscale, le effectif d’imposition de l’entreprise n’est que de 2%. Ne faudrait-il pas corriger cela ?

Si CMA-CGM paye peu d’impôts, elle paie en revanche correctement ses actionnaires. Et bonne nouvelle pour lui, puisque les actionnaires c’est à 70% sa holding familiale. Et là, seconde injustice : entre 2021 et 2023, CMA CGM a versé près de 5 milliards d’euros de dividendes à cette holding. Or, couplant deux niches fiscales (la taxe au tonnage et le régime mère-fille des holdings), ce joli pactole n’a été soumis à un taux d’imposition de seulement 1,25 %.

Nous allons prochainement examiner le budget. Dans un souci de responsabilité et d'apaisement du pays, j’ai donc questionné Rodolphe Saadé sur sa volonté à lui et son groupe de réellement contribuer à la concorde nationale en apportant leur juste contribution à l’effort de redressement des comptes publics.

Retrouvez ici la vidéo de l’audition.

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